Je suis en tête du Messager d’Allah (ﷺ) qui dit : « Si quelqu’un voit quelque chose de répréhensible, qu’il le change de sa main s’il peut le changer de sa main. (Le narrateur Hammad a brisé le reste de la tradition qui a été complétée par Ibn al-'Ala'.) Mais s’il ne le peut pas, il le fera avec sa langue, et s’il ne le peut pas avec sa langue, il le fera dans son cœur, ce qui est la forme la plus faible de la foi.
Commentaire du Hadith : Les trois niveaux de l'Amr bil-Ma'ruf
Cette narration profonde de Sunan Abi Dawud 4340, trouvée dans le chapitre des Batailles (Kitab Al-Malahim), établit le principe islamique fondamental d'ordonner le bien et d'interdire le mal. Le hadith décrit une approche hiérarchique de la correction religieuse qui prend en compte à la fois la capacité et les circonstances.
Premier niveau : Action par la main
La méthode principale prescrite est de changer les choses répréhensibles avec sa main, indiquant une intervention physique lorsque c'est possible et approprié. Les érudits précisent que cela s'applique particulièrement à ceux qui occupent des postes d'autorité - dirigeants, juges et chefs de famille - qui possèdent le pouvoir légitime de prévenir physiquement le mal dans leur juridiction.
Ce niveau nécessite de la sagesse et la considération d'un préjudice potentiel plus grand. La condition "s'il le peut" indique que l'on doit évaluer si l'intervention physique atteindra la réforme souhaitée sans causer une plus grande corruption ou un préjudice.
Deuxième niveau : Correction verbale
Lorsque l'intervention physique n'est pas possible en raison d'un manque d'autorité ou d'un préjudice potentiel plus grand, le croyant doit employer des conseils verbaux et des admonestations. Cela inclut des conseils doux, des réfutations savantes ou un discours ferme selon ce que la situation exige.
Les commentateurs classiques soulignent que la correction verbale doit suivre une étiquette appropriée - commencer par la douceur, maintenir la dignité de la personne conseillée et s'assurer que les conseils sont donnés en privé lorsque c'est possible pour éviter l'humiliation publique.
Troisième niveau : Rejet dans le cœur
Le niveau final, décrit comme "la forme la plus faible de la foi", implique une désapprobation interne lorsque ni la correction physique ni verbale n'est réalisable. Les érudits expliquent que cela maintient la qualité essentielle de la foi - haïr ce qu'Allah hait - même lorsque l'action externe est impossible.
Ce rejet interne empêche le cœur de s'habituer au mal et préserve l'intégrité spirituelle du croyant. Il représente l'exigence minimale pour maintenir sa foi face à une corruption généralisée.
Perspectives des érudits
L'imam Nawawi commente que cette hiérarchie démontre l'approche pratique de l'islam en matière de réforme, prenant en compte la capacité individuelle et les circonstances tout en maintenant le principe de s'opposer au mal.
Ibn Rajab al-Hanbali note que la progression de la main à la langue puis au cœur reflète à la fois la force de la réponse et la force de la foi, le rejet du cœur étant le fondement essentiel qui ne doit jamais être abandonné.
La condition de capacité ("s'il le peut") tout au long du hadith indique la considération de la Charia pour les circonstances réalistes et empêche de placer des fardeaux insupportables sur les croyants.