Un voleur a été amené au Prophète (ﷺ). Il a dit : Tuez-le. Les gens dirent : « Il a commis un vol, Messager d’Allah ! » Puis il dit : Coupe-lui la main. Alors sa main (droite) a été coupée. On l’a amené une seconde fois et il a dit : Tuez-le. Les gens dirent : « Il a commis un vol, Messager d’Allah ! » Puis il dit : Coupez-lui le pied.
Son pied (gauche) a donc été coupé.
On l’a amené une troisième fois et il a dit : Tuez-le.
Les gens dirent : « Il a commis un vol, Messager d’Allah ! »
Alors il dit : Coupez-lui la main. (C’est ainsi qu’on lui coupa la main (gauche.)
On l’a amené une quatrième fois et il a dit : Tuez-le.
Les gens dirent : « Il a commis un vol, Messager d’Allah ! »
Alors il dit : Coupe-lui le pied. Son pied (droit) a donc été coupé.
On l’a amené une cinquième fois et il a dit : Tuez-le.
Alors nous l’avons emmené et tué. Puis nous l’avons traîné et jeté dans un puits et lui avons jeté des pierres.
Texte et Contexte du Hadith
Cette narration de Sunan Abi Dawud 4410 dans le Livre des Peines Prescrites (Kitab Al-Hudud) décrit un voleur récidiviste amené devant le Prophète Muhammad (ﷺ). Les peines initiales progressent de l'amputation de la main à celle du pied pour les vols ultérieurs, culminant avec l'exécution après la cinquième infraction.
Analyse Juridique de la Punition Progressive
Le commandement initial du Prophète "Tuez-le" démontre la sévérité du vol habituel, tandis que le rappel des compagnons "Il a commis un vol" montre leur compréhension que l'exécution n'est pas la punition principale pour un premier vol. Cette interaction établit la consultation judiciaire.
L'amputation progressive—main droite, pied gauche, main gauche, pied droit—suit un schéma croisé qui maintient l'équilibre et la fonctionnalité tout en augmentant l'effet dissuasif. Ce schéma reflète la sagesse divine dans la jurisprudence pénale islamique.
Conditions pour l'Amputation
Les savants classiques stipulent de nombreuses conditions avant d'appliquer la punition hadd : les biens volés doivent atteindre le nisab (valeur minimale), être pris d'une garde sécurisée, et le voleur doit être un adulte compétent agissant volontairement. Ces conditions protègent contre une application injuste.
La répétition du vol indique la persistance du voleur dans le crime malgré les punitions précédentes, montrant l'échec de la punition à le réformer, justifiant ainsi l'escalade.
Exécution Finale et Disposition
L'exécution après le cinquième vol démontre que lorsque les punitions corporelles s'avèrent inefficaces pour réformer un criminel habituel, la peine capitale devient nécessaire pour protéger la société. Cela suit le principe juridique de "repousser le plus grand mal".
La méthode de disposition—traîner, jeter dans un puits, et lapider—sert de dissuasion publique tout en maintenant la dignité dans la manipulation du défunt, conforme aux principes d'inhumation islamiques malgré le statut criminel.
Commentaire des Savants
L'Imam Al-Nawawi commente que ce hadith établit que le vol répété peut conduire à l'exécution après plusieurs amputations, bien que les savants diffèrent sur le fait que quatre ou cinq vols justifient cette punition finale.
Ibn Qudamah note que la punition progressive reflète l'équilibre de l'Islam entre miséricorde et justice, offrant de multiples opportunités de réforme avant de mettre en œuvre la punition ultime.