« Je ne suis qu’un être humain, et vous me rapportez vos différends, les uns étant peut-être plus éloquents dans leurs plaidoyers que d’autres, de sorte que je rends un jugement en leur faveur selon ce que j’entends d’eux. Donc, quoi que je décide pour quelqu’un qui appartient de droit à son frère, il ne doit rien prendre, car je ne lui accorde qu’une portion de l’enfer.
Le Bureau du Juge (Kitab Al-Aqdiyah)
Sunan Abi Dawud 3583 - Commentaire par les érudits classiques
Texte du Hadith
« Je ne suis qu'un être humain, et vous m'apportez vos litiges, certains étant peut-être plus éloquents dans leur plaidoirie que d'autres, de sorte que je rends un jugement en leur faveur selon ce que j'entends d'eux. Par conséquent, tout ce que je décide pour quelqu'un qui, de droit, appartient à son frère, il ne doit rien prendre, car je ne lui accorde qu'une part de l'Enfer. »
Commentaire des Érudits
Ce hadith profond de Sunan Abi Dawud établit des principes fondamentaux de la judicature islamique. Le Prophète (que la paix soit sur lui) reconnaît ses limites humaines à discerner la vérité de la présentation éloquente. Les érudits expliquent que cela démontre que les décisions judiciaires sont basées sur des preuves apparentes (zahir), et non nécessairement sur la vérité absolue (haqiqah).
L'Imam Al-Khattabi commente que cela enseigne aux juges l'humilité et la conscience de leur faillibilité. L'avertissement « je ne lui accorde qu'une part de l'Enfer » sert de mise en garde sévère contre l'usurpation des droits d'autrui, même par des voies judiciaires légitimes. Les juristes classiques en déduisent que l'on ne doit pas accepter ce qui est injustement jugé en sa faveur si l'on connaît la vérité.
Ibn Hajar Al-Asqalani souligne que ce hadith établit le principe que les verdicts judiciaires ne rendent pas les choses illicites licites aux yeux d'Allah. La responsabilité incombe aux individus de s'assurer qu'ils ne consomment pas ce qui appartient de droit à autrui, indépendamment des jugements des tribunaux.
Implications Juridiques
Cette narration forme la base pour distinguer entre le jugement apparent (hukm al-zahir) et le jugement divin réel (hukm al-haqiqi). Des érudits comme l'Imam Al-Nawawi affirment qu'elle oblige les musulmans à restituer les biens acquis injustement même après des décisions de justice favorables.
L'école hanafite souligne particulièrement que les décisions judiciaires basées sur des témoignages ne changent pas le statut de propriété réel devant Allah. Les malikites et les chafi'ites soutiennent de même que l'on doit restaurer les droits d'autrui si l'on devient certain de la vérité, nonobstant les verdicts des tribunaux.