'Abdullah ibn 'Umar a rapporté que le Messager d’Allah (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a dit : « Quand quelqu’un dit à un autre : 'Incroyant !', alors l’un d’eux est un incroyant. Si celui à qui il le dit est un incroyant, il a dit la vérité. Si ce n’est pas le cas, alors celui qui l’a dit s’est fait descendre l’incrédulité sur lui-même.
Exposition du Hadith
Cette narration profonde du Prophète Muhammad (ﷺ), enregistrée dans "Al-Adab Al-Mufrad" de l'Imam al-Bukhari (Hadith 440), aborde la grave question d'accuser légèrement un musulman de mécréance (kufr). L'énoncé établit un principe fondamental dans le credo islamique : l'interdiction de déclarer un musulman professant comme étant un mécréant sans preuve définitive et textuellement établie.
La Règle Légale et Théologique (al-Hukm)
La déclaration "Tu es un mécréant" (kāfir) n'est pas une simple insulte ; c'est une règle légale (takfīr) avec des conséquences graves dans ce monde et dans l'Au-delà. Prononcer le takfir sur un musulman sans droit est parmi les grands péchés, car cela invalide son mariage, permet l'effusion de son sang et rompt ses liens avec la communauté musulmane.
La phrase, "alors l'un d'eux est un mécréant", sert d'avertissement sévère. Si l'accusation est vraie et que l'accusé est vérifiablement un mécréant basé sur les critères clairs de la Charia, alors le locuteur a simplement énoncé un fait. Cependant, si l'accusé est un croyant, celui qui a fait la fausse accusation a, par son jugement erroné, tombé dans la même mécréance qu'il a attribuée à un autre. C'est parce qu'il a transgressé les limites fixées par Allah en matière de croyance et de mécréance.
La Sagesse et l'Interdiction
La sagesse derrière cette interdiction est immense. Elle préserve la sainteté de la foi, protège l'honneur et le sang des musulmans, et empêche la communauté de se fracturer en sectes qui s'excommunient mutuellement. Elle enseigne l'humilité, rappelant au croyant que le vrai jugement des cœurs appartient à Allah seul. Les déclarations et actions extérieures d'une personne sont ce sur quoi nous jugeons, tandis que son état intérieur n'est connu que du Créateur.
Ce hadith ne signifie pas que la mécréance ne peut pas être identifiée ou nommée. Plutôt, il interdit les accusations téméraires basées sur l'interprétation personnelle, le péché ou le désaccord. Les savants ont détaillé des conditions et des obstacles qui doivent être considérés avant qu'une règle de takfir puisse être émise, assurant qu'elle n'est pas délivrée à la légère.
Conclusion et Admonition
Par conséquent, le croyant doit garder sa langue de telles déclarations graves. Le désaccord dans les questions juridiques ou les différences d'opinion ne justifient pas des accusations de mécréance. Le chemin de la sécurité est de s'abstenir de prononcer le takfir sur tout individu qui professe la profession de foi, à moins qu'il n'énonce explicitement une déclaration de mécréance ou accomplisse un acte que les textes non équivoques du Coran et de la Sounnah définissent comme annulant l'Islam. Ce hadith du chapitre sur "Dénigrer" dans "Al-Adab Al-Mufrad" est une pierre angulaire pour maintenir l'unité et la fraternité au sein de l'Oumma.