Une fois, le Prophète (ﷺ) montait son chameau et un homme tenait ses rênes. Le Prophète (ﷺ) demanda : « Quel est le jour aujourd’hui ? » Nous restâmes silencieux, pensant qu’il pourrait donner un autre nom à ce jour-là. Il a dit : « N’est-ce pas le jour de Nahr (l’abattage des animaux de sacrifice) ? » Nous avons répondu : « Oui ». Il a ensuite demandé : « Quel mois sommes-nous ? » Nous restâmes de nouveau silencieux, pensant qu’il pourrait lui donner un autre nom. Puis il dit : « N’est-ce pas le mois de Dhul-Hijja ? » Nous avons répondu : « Oui ». Il dit : « En vérité ! Votre sang, vos biens et votre honneur sont sacrés les uns pour les autres (c’est-à-dire les musulmans) comme la sainteté de ce jour qui est le vôtre, en ce mois qui est le vôtre et dans votre ville. Il incombe à ceux qui sont présents d’en informer ceux qui sont absents, parce que ceux qui sont absents pourraient comprendre (ce que j’ai dit) mieux que l’auditoire actuel.
Contexte du Sermon d'Adieu
Cette narration de Sahih al-Bukhari 67 capture un moment charnière du Pèlerinage d'Adieu du Prophète, délivré lors de son dernier Hajj dans la 10e année de l'Hégire. Le cadre à dos de chameau à Arafat souligne la solennité et la nature universelle de ce message.
Méthodologie Pédagogique
La technique de questionnement du Prophète démontre une sagesse pédagogique profonde. En demandant le jour et le mois, il a engagé ses compagnons dans un apprentissage actif, créant de l'anticipation et soulignant la sacralité de ces institutions islamiques établies.
Ses questions rhétoriques sur le jour de Nahr et le mois de Dhul-Hijja ont affirmé la permanence des rituels islamiques tout en préparant les auditeurs à la déclaration importante qui allait suivre.
Inviolabilité Sacrée
La déclaration de triple sacralité établit les droits fondamentaux des musulmans : la vie (sang), la richesse (propriété) et la dignité (honneur). En les liant à la sacralité établie de La Mecque, du mois du Hajj et du jour de Nahr, le Prophète a donné à ces droits une protection divine.
Cette formulation rend la violation des droits des musulmans équivalente à la violation de la sacralité des espaces et temps les plus saints de l'Islam - un puissant dissuasif contre l'oppression.
Responsabilité de Transmission
Le commandement "ceux qui sont présents doivent informer ceux qui sont absents" établit le principe de la transmission du savoir (tabligh) comme une obligation religieuse collective. La perspicacité remarquable que "ceux qui sont absents pourraient mieux comprendre" reconnaît que les générations ultérieures, avec réflexion et étude, pourraient atteindre une compréhension plus profonde que les témoins oculaires.
Cela anticipe le développement de la science islamique par l'étude minutieuse des connaissances transmises plutôt que par la simple expérience personnelle.
Implications Juridiques et Sociales
Les savants déduisent de ce hadith l'inviolabilité permanente de la vie et des biens des musulmans, le fondement du droit pénal islamique concernant l'homicide et le vol, et l'interdiction de la médisance et de la calomnie comme violations de l'honneur.
Le moment choisi pendant le Hajj universalise ces principes au-delà des affiliations tribales ou nationales, établissant la communauté musulmane mondiale (ummah) comme la nouvelle base de la fraternité humaine.