حَدَّثَنَا عَلِيُّ بْنُ عَبْدِ اللَّهِ، أَخْبَرَنَا ابْنُ عُلَيَّةَ، عَنْ عَلِيِّ بْنِ الْمُبَارَكِ، حَدَّثَنَا يَحْيَى بْنُ أَبِي كَثِيرٍ، عَنْ مُحَمَّدِ بْنِ إِبْرَاهِيمَ بْنِ الْحَارِثِ، عَنْ أَبِي سَلَمَةَ بْنِ عَبْدِ الرَّحْمَنِ، كَانَتْ بَيْنَهُ وَبَيْنَ أُنَاسٍ خُصُومَةٌ فِي أَرْضٍ، فَدَخَلَ عَلَى عَائِشَةَ فَذَكَرَ لَهَا ذَلِكَ، فَقَالَتْ يَا أَبَا سَلَمَةَ اجْتَنِبِ الأَرْضَ، فَإِنَّ رَسُولَ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم قَالَ ‏"‏ مَنْ ظَلَمَ قِيدَ شِبْرٍ طُوِّقَهُ مِنْ سَبْعِ أَرَضِينَ ‏"‏‏.‏
Traduction
Rapporté par Sa'id bin Zaid bin ' Amr bin Noufail

Qu’Arwa l’a poursuivi devant Marwan pour un droit, dont elle prétendait qu’il l’avait privée. Là-dessus, Saïd dit : « Comment pourrais-je la priver de son droit ? J’atteste que j’ai entendu le Messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم) dire : « Si quelqu’un prend injustement une étendue de terre, son cou en sera entouré sur sept terres le Jour de la Résurrection. »

Comment

Texte et Contexte du Hadith

Du livre Début de la Création dans Sahih al-Bukhari, Référence du Hadith : Sahih al-Bukhari 3198. Cette narration concerne un différend juridique entre Arwa et Sa'id ibn Zayd, porté devant le gouverneur Marwan ibn al-Hakam. Sa'id se défend en invoquant un avertissement prophétique profond contre l'usurpation de terres.

Commentaire sur l'Interdiction

La phrase "prend une empan de terre injustement" fait référence à tout acte de saisie, d'empiètement ou de rétention de terre qui appartient légitimement à un autre musulman. Cela inclut la modification des bornes ou la revendication de parts d'héritage non dues légalement. La gravité réside dans la violation d'un droit stable et fondamental (haqq) sur lequel la confiance sociétale est bâtie.

L'Imam al-Nawawi explique que l'"empan" (shibr) signifie que même la plus petite quantité de propriété usurpée est un péché majeur grave. Le principe est celui de la proportionnalité : l'interdiction s'applique quelle que soit la taille ou la valeur de la terre, car la sainteté des droits de propriété est absolue.

Exégèse de la Punition

L'imagerie de "le cou de l'usurpateur encerclé par elle jusqu'aux sept terres" est une métaphore puissante du fardeau et de l'humiliation insupportables au Jour du Jugement. La terre elle-même témoignera contre l'oppresseur, devenant une chaîne de feu autour de son cou, le tirant vers le bas à travers les couches de la création comme une manifestation du poids de sa transgression.

Des savants comme Ibn Hajar al-Asqalani affirment que les "sept terres" soulignent l'étendue et l'inéluctabilité de la punition. Cela signifie que la conséquence n'est pas seulement superficielle mais pénètre jusqu'aux niveaux les plus profonds de l'existence, correspondant à l'injustice profonde commise contre la loi de Dieu et un être humain.

Implications Légales et Morales

Ce hadith établit l'interdiction de toute forme d'usurpation de propriété (ghasb). Il oblige les musulmans à être scrupuleusement honnêtes dans toutes les transactions financières et immobilières. Si l'on découvre qu'on possède une propriété usurpée, on doit immédiatement la restituer à son propriétaire légitime ou à ses héritiers.

L'utilisation de ce hadith par Sa'id dans sa défense démontre sa fonction comme preuve légale. Il sert de dissuasion et de rappel que les tribunaux terrestres sont une voie de justice, mais que le jugement ultime est avec Allah. La conséquence spirituelle dépasse de loin tout gain mondain potentiel de la terre usurpée.