Un homme a divorcé trois fois de sa femme (en exprimant sa décision de divorcer trois fois), puis elle a épousé un autre homme qui a également divorcé d’elle. On a demandé au Prophète (ﷺ) si elle pouvait légalement épouser le premier mari (ou non). Le Prophète (ﷺ) répondit : « Non, elle ne peut pas épouser le premier mari à moins que le second mari ne consomme son mariage avec elle, tout comme le premier mari l’avait fait. »
Tafsir de Sahih al-Bukhari 5261 : L'interdiction du remariage après le triple divorce
Ce récit du Livre du Divorce dans Sahih al-Bukhari aborde la décision islamique cruciale concernant le triple divorce (ṭalāq al-thalāth) et les conditions pour le remariage avec le premier mari. Le scénario présente une femme qui a reçu trois prononciations de divorce de son mari, a ensuite épousé un autre homme qui l'a également divorcée, et la question s'est posée quant à sa permission de retourner avec son premier mari.
La règle du triple divorce
Lorsqu'un homme prononce trois divorces sur sa femme, soit en une seule déclaration ou en déclarations séparées, cela constitue un divorce irrévocable (al-ṭalāq al-bā'in) selon le consensus des savants classiques. Le lien conjugal est complètement rompu, et elle devient illicite pour lui de se remarier.
Le seul chemin pour qu'un tel couple se réunisse en mariage est à travers la procédure décrite dans le Coran (Sourate Al-Baqarah 2:230) : elle doit épouser un autre homme dans un mariage valide, ce deuxième mariage doit être consommé, et ensuite si ce deuxième mari la divorce naturellement ou décède, elle peut se remarier avec son premier mari après avoir terminé sa période d'attente ('iddah).
La sagesse derrière l'interdiction
Cette législation divine sert de multiples objectifs de sagesse (ḥikmah). Elle empêche la banalisation du divorce en rendant le processus sérieux et conséquent. Elle fournit une période de réflexion et encourage une considération réfléchie avant de rompre les liens conjugaux. De plus, elle établit des limites claires pour empêcher la manipulation des lois islamiques du divorce.
L'exigence d'un mariage intermédiaire avec consommation garantit que la séparation est authentique et pas seulement une formalité procédurale pour contourner l'interdiction du remariage immédiat après un triple divorce.
Conditions pour le mariage intermédiaire (al-Muḥallil)
Le deuxième mariage doit être un contrat matrimonial authentique avec une intention appropriée (niyyah), pas seulement un arrangement temporaire dans le but de rendre la femme permise à son premier mari. Les savants classiques soulignent que tout mariage contracté avec la condition explicite d'un divorce ultérieur à cette fin est invalide et pécheur.
La consommation du deuxième mariage est essentielle, comme clairement énoncé dans le hadith. Un simple contrat sans consommation ne remplit pas la condition pour le remariage avec le premier mari. Le deuxième divorce doit également survenir naturellement, pas par arrangement préalable.
Consensus savant et application
Cette règle représente la position unanime des premières générations de musulmans et des quatre écoles orthodoxes de jurisprudence islamique. L'interdiction reste en vigueur que les trois divorces aient été prononcés simultanément ou séparément, pendant une période de pureté ou plusieurs périodes.
Ce hadith sert de texte fondateur dans le droit de la famille islamique, protégeant la sainteté du mariage tout en fournissant un chemin soigneusement réglementé pour la réconciliation dans les cas de divorce irrévocable, équilibrant ainsi les commandements divins avec les circonstances humaines.