Le Prophète (ﷺ) a dit : « La main supérieure est meilleure que la main inférieure (c’est-à-dire que celui qui donne en charité est meilleur que celui qui la prend). On devrait commencer à donner d’abord à ses dépendants. Et le meilleur objet de la charité est celui qui est donné par une personne riche (avec l’argent qui reste après ses dépenses). Et quiconque s’abstient de demander aux autres une aide financière, Allah le lui donnera et le sauvera de demander aux autres, Allah le rendra autonome.
Texte et Contexte du Hadith
Cette narration de Sahih al-Bukhari (1427, 1428) établit les principes fondamentaux de la charité (Zakat et Sadaqah) en Islam. Le Prophète Muhammad (ﷺ) a délivré ces conseils pour façonner l'éthique économique de la communauté musulmane, en soulignant la dignité de donner plutôt que de recevoir et en établissant des priorités dans la distribution charitable.
Commentaire sur "La Main Supérieure est Meilleure"
La « main supérieure » désigne la main qui donne la charité, tandis que la « main inférieure » est celle qui la reçoit. Les savants classiques expliquent que cela signifie la supériorité spirituelle et l'honneur du donneur. L'imam Ibn Hajar al-Asqalani commente dans Fath al-Bari que cette préférence ne concerne pas seulement le statut social mais reflète l'obéissance du donneur envers Allah, l'accomplissement du devoir religieux et la culture de la générosité - des qualités qui élèvent le rang dans cette vie et dans l'Au-delà.
Le receveur, bien qu'ayant droit à l'aide en cas de besoin réel, doit maintenir sa dignité et rechercher l'autosuffisance. Cet enseignement encourage les musulmans à s'efforcer d'être parmi les donneurs plutôt que les receveurs, favorisant ainsi la circulation des richesses au sein de la communauté.
Priorité aux Dépendants
« On devrait commencer à donner d'abord à ses dépendants » établit la hiérarchie des obligations charitables. Des savants comme l'imam al-Nawawi expliquent que la responsabilité financière primaire d'un musulman est envers les membres de sa famille immédiate - parents, enfants et conjoint. Cela prend la priorité sur le don aux autres.
Ibn Rajab al-Hanbali précise que négliger ses dépendants tout en donnant à des étrangers est considéré comme un mauvais usage de la richesse. La sagesse derrière cette priorité est de maintenir la stabilité familiale, qui forme le fondement d'une société stable.
Qualité de la Charité Provenant de la Richesse Excédentaire
« Le meilleur objet de charité est celui qui est donné par une personne riche à partir de l'argent restant après ses dépenses » indique que la charité optimale provient de la richesse excédentaire après avoir rempli les obligations nécessaires. Le tafsir classique souligne que cela ne diminue pas la valeur des petits dons des pauvres, mais met en lumière la circonstance idéale.
L'imam Qurtubi note que la charité provenant de la richesse excédentaire garantit que la stabilité financière du donneur n'est pas compromise, permettant un don soutenu. Ce principe empêche l'extravagance dans la charité qui pourrait conduire le donneur à devenir lui-même nécessiteux.
La Vertu de l'Autosuffisance
« Celui qui s'abstient de demander aux autres... Allah le rendra autosuffisant » contient une promesse profonde d'Allah. Les savants interprètent cela à la fois comme un encouragement pratique à l'indépendance économique et une promesse spirituelle de provision divine.
Ibn al-Arabi explique que cette abstention préserve la dignité humaine et démontre le tawakkul (confiance en Allah). La garantie divine de l'autosuffisance se manifeste par divers moyens - augmentation de la provision, contentement avec moins, ou opportunités de gains licites - toutes étant des formes d'enrichissement par Allah.
Mise en Œuvre Pratique
Ce hadith fournit un cadre complet pour la distribution des richesses : commencer la charité par la famille immédiate, donner à partir du surplus sans difficulté, s'efforcer d'être parmi les donneurs et maintenir la dignité en évitant les demandes inutiles aux autres. La mise en œuvre collective de ces principes assure la circulation des richesses tout en préservant la dignité individuelle et communautaire.