Le Prophète (ﷺ) a envoyé une unité de l’armée (pour une campagne) et a nommé un homme des Ansar comme son commandant et leur a ordonné (aux soldats) de lui obéir. (Pendant la campagne), il s’est mis en colère contre eux et a dit : « Le Prophète (ﷺ) ne vous a-t-il pas ordonné de m’obéir ? » Ils ont dit : « Oui. » Il dit : « Je vous ordonne de ramasser du bois et de faire du feu, puis de vous y jeter. » Ils ramassèrent donc du bois et firent un feu, mais quand ils furent sur le point de s’y jeter, ils commencèrent à se regarder les uns les autres, et certains d’entre eux dirent : « Nous avons suivi le Prophète (ﷺ) pour échapper au feu. Comment devrions-nous y entrer maintenant ? Ainsi, pendant qu’ils étaient dans cet état, le feu s’éteignit et la colère de leur commandant s’apaisa. L’événement a été mentionné au Prophète (ﷺ) et il a dit : « S’ils y étaient entrés (le feu), ils n’en seraient jamais sortis, car l’obéissance n’est requise que dans ce qui est bon. » (Voir Hadith n° 629, Vol. 5)
Commentaire du Hadith de Sahih al-Bukhari
Cette narration de Sahih al-Bukhari 7145 dans le Livre des Jugements (Ahkaam) établit un principe fondamental dans le leadership islamique et l'obéissance. Le Prophète Muhammad (ﷺ) a clairement délimité que l'obéissance aux dirigeants est conditionnelle à l'alignement de leurs commandements avec la loi divine et la bonté morale.
Analyse Savante
Les savants classiques expliquent que ce hadith établit le principe : « Il n'y a pas d'obéissance à la création dans la désobéissance au Créateur. » L'autorité du commandant Ansari était légitime, mais son ordre d'entrer dans le feu constituait une claire désobéissance à Allah, le rendant ainsi nul et non avenu.
L'hésitation des soldats démontre un raisonnement islamique approprié - ils ont reconnu la contradiction entre suivre le Prophète pour échapper au Feu de l'Enfer et être commandés d'entrer dans le feu terrestre. Leur sagesse collective à faire une pause reflète le principe islamique de consulter et réfléchir face à des commandements douteux.
Implications Juridiques
Ce hadith forme la base de la théorie politique islamique concernant la rébellion légale et la désobéissance civile. Des savants comme l'Imam Nawawi et Ibn Hajar al-Asqalani en ont déduit que les musulmans ne doivent pas obéir à tout commandement qui implique un péché, même s'il émane d'une autorité légitime.
La déclaration finale du Prophète « l'obéissance n'est requise que dans ce qui est bon » (al-ta'ah fi'l-ma'roof) est devenue une maxime juridique fondamentale dans la jurisprudence islamique, appliquée à toutes les relations d'autorité - entre gouvernant et gouverné, employeur et employé, parent et enfant.
Pertinence Contemporaine
Cet enseignement reste crucial dans les contextes modernes où les musulmans doivent naviguer l'obéissance à diverses autorités. Il fournit le cadre éthique pour résister aux ordres illégaux tout en maintenant un respect approprié pour les structures de leadership lorsqu'elles commandent le bien.