حَدَّثَنِي أَبُو نُعَيْمٍ، بِنَحْوٍ مِنْ نِصْفِ هَذَا الْحَدِيثِ حَدَّثَنَا عُمَرُ بْنُ ذَرٍّ، حَدَّثَنَا مُجَاهِدٌ، أَنَّ أَبَا هُرَيْرَةَ، كَانَ يَقُولُ آللَّهِ الَّذِي لاَ إِلَهَ إِلاَّ هُوَ إِنْ كُنْتُ لأَعْتَمِدُ بِكَبِدِي عَلَى الأَرْضِ مِنَ الْجُوعِ، وَإِنْ كُنْتُ لأَشُدُّ الْحَجَرَ عَلَى بَطْنِي مِنَ الْجُوعِ، وَلَقَدْ قَعَدْتُ يَوْمًا عَلَى طَرِيقِهِمُ الَّذِي يَخْرُجُونَ مِنْهُ، فَمَرَّ أَبُو بَكْرٍ، فَسَأَلْتُهُ عَنْ آيَةٍ مِنْ كِتَابِ اللَّهِ، مَا سَأَلْتُهُ إِلاَّ لِيُشْبِعَنِي، فَمَرَّ وَلَمْ يَفْعَلْ، ثُمَّ مَرَّ بِي عُمَرُ فَسَأَلْتُهُ عَنْ آيَةٍ مِنْ كِتَابِ اللَّهِ، مَا سَأَلْتُهُ إِلاَّ لِيُشْبِعَنِي، فَمَرَّ فَلَمْ يَفْعَلْ، ثُمَّ مَرَّ بِي أَبُو الْقَاسِمِ صلى الله عليه وسلم فَتَبَسَّمَ حِينَ رَآنِي وَعَرَفَ، مَا فِي نَفْسِي وَمَا فِي وَجْهِي ثُمَّ قَالَ ‏"‏ أَبَا هِرٍّ ‏"‏‏.‏ قُلْتُ لَبَّيْكَ يَا رَسُولَ اللَّهِ‏.‏ قَالَ ‏"‏ الْحَقْ ‏"‏‏.‏ وَمَضَى فَتَبِعْتُهُ، فَدَخَلَ فَاسْتَأْذَنَ، فَأَذِنَ لِي، فَدَخَلَ فَوَجَدَ لَبَنًا فِي قَدَحٍ فَقَالَ ‏"‏ مِنْ أَيْنَ هَذَا اللَّبَنُ ‏"‏‏.‏ قَالُوا أَهْدَاهُ لَكَ فُلاَنٌ أَوْ فُلاَنَةُ‏.‏ قَالَ ‏"‏ أَبَا هِرٍّ ‏"‏‏.‏ قُلْتُ لَبَّيْكَ يَا رَسُولَ اللَّهِ‏.‏ قَالَ ‏"‏ الْحَقْ إِلَى أَهْلِ الصُّفَّةِ فَادْعُهُمْ لِي ‏"‏‏.‏ قَالَ وَأَهْلُ الصُّفَّةِ أَضْيَافُ الإِسْلاَمِ، لاَ يَأْوُونَ إِلَى أَهْلٍ وَلاَ مَالٍ، وَلاَ عَلَى أَحَدٍ، إِذَا أَتَتْهُ صَدَقَةٌ بَعَثَ بِهَا إِلَيْهِمْ، وَلَمْ يَتَنَاوَلْ مِنْهَا شَيْئًا، وَإِذَا أَتَتْهُ هَدِيَّةٌ أَرْسَلَ إِلَيْهِمْ، وَأَصَابَ مِنْهَا وَأَشْرَكَهُمْ فِيهَا، فَسَاءَنِي ذَلِكَ فَقُلْتُ وَمَا هَذَا اللَّبَنُ فِي أَهْلِ الصُّفَّةِ كُنْتُ أَحَقُّ أَنَا أَنْ أُصِيبَ مِنْ هَذَا اللَّبَنِ شَرْبَةً أَتَقَوَّى بِهَا، فَإِذَا جَاءَ أَمَرَنِي فَكُنْتُ أَنَا أُعْطِيهِمْ، وَمَا عَسَى أَنْ يَبْلُغَنِي مِنْ هَذَا اللَّبَنِ، وَلَمْ يَكُنْ مِنْ طَاعَةِ اللَّهِ وَطَاعَةِ رَسُولِهِ صلى الله عليه وسلم بُدٌّ، فَأَتَيْتُهُمْ فَدَعَوْتُهُمْ فَأَقْبَلُوا، فَاسْتَأْذَنُوا فَأَذِنَ لَهُمْ، وَأَخَذُوا مَجَالِسَهُمْ مِنَ الْبَيْتِ قَالَ ‏"‏ يَا أَبَا هِرٍّ ‏"‏‏.‏ قُلْتُ لَبَّيْكَ يَا رَسُولَ اللَّهِ‏.‏ قَالَ ‏"‏ خُذْ فَأَعْطِهِمْ ‏"‏‏.‏ قَالَ فَأَخَذْتُ الْقَدَحَ فَجَعَلْتُ أُعْطِيهِ الرَّجُلَ فَيَشْرَبُ حَتَّى يَرْوَى، ثُمَّ يَرُدُّ عَلَىَّ الْقَدَحَ، فَأُعْطِيهِ الرَّجُلَ فَيَشْرَبُ حَتَّى يَرْوَى، ثُمَّ يَرُدُّ عَلَىَّ الْقَدَحَ فَيَشْرَبُ حَتَّى يَرْوَى، ثُمَّ يَرُدُّ عَلَىَّ الْقَدَحَ، حَتَّى انْتَهَيْتُ إِلَى النَّبِيِّ صلى الله عليه وسلم وَقَدْ رَوِيَ الْقَوْمُ كُلُّهُمْ، فَأَخَذَ الْقَدَحَ فَوَضَعَهُ عَلَى يَدِهِ فَنَظَرَ إِلَىَّ فَتَبَسَّمَ فَقَالَ ‏"‏ أَبَا هِرٍّ ‏"‏‏.‏ قُلْتُ لَبَّيْكَ يَا رَسُولَ اللَّهِ‏.‏ قَالَ ‏"‏ بَقِيتُ أَنَا وَأَنْتَ ‏"‏‏.‏ قُلْتُ صَدَقْتَ يَا رَسُولَ اللَّهِ‏.‏ قَالَ ‏"‏ اقْعُدْ فَاشْرَبْ ‏"‏‏.‏ فَقَعَدْتُ فَشَرِبْتُ‏.‏ فَقَالَ ‏"‏ اشْرَبْ ‏"‏‏.‏ فَشَرِبْتُ، فَمَا زَالَ يَقُولُ ‏"‏ اشْرَبْ ‏"‏‏.‏ حَتَّى قُلْتُ لاَ وَالَّذِي بَعَثَكَ بِالْحَقِّ، مَا أَجِدُ لَهُ مَسْلَكًا‏.‏ قَالَ ‏"‏ فَأَرِنِي ‏"‏‏.‏ فَأَعْطَيْتُهُ الْقَدَحَ فَحَمِدَ اللَّهَ وَسَمَّى، وَشَرِبَ الْفَضْلَةَ‏.‏
Traduction
Rapporté par Abu Huraira

Par Allah, sauf Celui qui a le droit d’être adoré, je m’étendais par terre sur le foie à cause de la faim, et parfois, je me liais une pierre sur le ventre à cause de la faim. Un jour, je me suis assis près du chemin d’où ils (le Prophète (ﷺ) et ses compagnons) avaient l’habitude de sortir. Quand Abou Bakr est passé, je lui ai posé des questions sur un verset du Livre d’Allah et je lui ai seulement demandé qu’il puisse satisfaire ma faim, mais il est passé et ne l’a pas fait. Puis 'Umar est passé près de moi et je l’ai interrogé sur un verset du Livre d’Allah, et je lui ai seulement demandé qu’il puisse satisfaire ma faim, mais il est passé sans le faire. Finalement, Abu-l-Qasim (le Prophèteﷺ) est passé près de moi et il a souri quand il m’a vu, car il savait ce qu’il y avait dans mon cœur et sur mon visage. Il dit : « Ô Aba Hirr (Abou Huraira) ! » J’ai répondu : « Labbaïk, ô Messager d’Allah (ﷺ) ! » Il m’a dit : « Suis-moi. » Il est parti et je l’ai suivi. Puis il est entré dans la maison et j’ai demandé la permission d’entrer et j’ai été admis. Il trouva du lait dans un bol et dit : « D’où vient ce lait ? » Ils dirent : « Il vous a été présenté par tel ou tel homme, soit par telle femme. » Il dit : « Ô Aba Hirr ! » J’ai dit : « Labbaïk, ô Messager d’Allah (ﷺ) ! » Il dit : « Va et appelle-moi les gens de Suffa. » Ces gens de Suffa étaient les invités de l’Islam qui n’avaient ni familles, ni argent, ni personne sur qui compter, et chaque fois qu’un objet de charité était apporté au Prophète, il le leur envoyait et n’en prenait rien, et chaque fois qu’un cadeau lui était donné, il en envoyait un peu pour eux et en prenait un peu pour lui-même. L’ordre du Prophète m’a bouleversé, et je me suis dit : « Comment ce petit peu de lait va-t-il suffire aux gens d’As-Suffa ? bien que j’aie eu plus le droit de boire de ce lait pour me fortifier », mais voici ! Le Prophète (ﷺest venu m’ordonner de leur donner ce lait. Je me demandais ce qui me resterait de ce lait, mais de toute façon, je ne pouvais pas ne pas obéir à Allah et à Son Messager, alors je suis allé vers les gens d’As-Suffa et je les ai appelés, et ils sont venus et ont demandé au Prophète la permission d’entrer. Ils furent admis et prirent place dans la maison. Le Prophète (ﷺ) a dit : « Ô Aba-Hirr ! » J’ai dit : « Labbaïk, ô Messager d’Allah (ﷺ) ! » Il a dit : « Prenez-le et donnez-le-leur. » Alors j’ai pris le bol (de lait) et j’ai commencé à le donner à un homme qui boirait à sa faim et me le rendrait, après quoi je le donnerais à un autre homme qui, à son tour, boirait à sa faim et me le rendrait, et je l’offrirais ensuite à un autre homme qui boirait à sa faim et me le rendrait. Finalement, après que tout le groupe eut bu à sa faim, j’atteignis le Prophète (ﷺ) qui prit le bol et le mit dans sa main, me regarda et sourit et dit. « Ô Aba Hirr ! » J’ai répondu : « Labbaïk, ô Messager d’Allah (ﷺ) ! » Il a dit : « Il reste vous et moi. » J’ai dit : « Tu as dit la vérité, ô Messager d’Allah (ﷺ) ! » Il a dit : « Asseyez-vous et buvez. » Je me suis assis et j’ai bu. Il a dit : « Buvez », et j’ai bu. Il n’arrêtait pas de me dire de boire, jusqu’à ce que je dise : « Non. par Allah qui t’a envoyé avec la vérité, je n’ai pas de place pour cela (dans mon estomac). Il a dit : « Remets-le-moi. » Quand je lui ai donné le bol, il a loué Allah et a prononcé le Nom d’Allah dessus et a bu le reste du lait.

Comment

Contexte et Arrière-plan

Cette narration profonde de Sahih al-Bukhari (Livre : Pour rendre le cœur tendre - Ar-Riqaq, Hadith : 6452) démontre l'extrême pauvreté endurée par les Compagnons et la nature miraculeuse de la provision divine. La souffrance physique d'Abu Huraira - dormant sur son abdomen à cause de la faim et attachant des pierres à son estomac - reflète l'intense entraînement spirituel de la première communauté musulmane.

Sagesse Divine dans l'Épreuve

Le refus initial d'Abu Bakr et Umar de fournir de la nourriture, malgré l'approche astucieuse d'Abu Huraira de demander des versets coraniques, contient une sagesse profonde. Comme l'expliquent les savants classiques, ce n'était pas de la négligence mais une orchestration divine pour démontrer que la provision vient uniquement du décret et du timing d'Allah.

La reconnaissance immédiate par le Prophète de l'état d'Abu Huraira montre sa perspicacité spirituelle (firasah) - il percevait l'état intérieur au-delà de l'apparence extérieure, une qualité accordée aux awliya (amis d'Allah).

Les Gens du Suffa : Modèles de Confiance

Les Ahl al-Suffa représentent le plus haut degré de tawakkul (confiance en Allah). Ayant abandonné les attachements mondains, ils ont incarné l'idéal coranique : "Et ceux qui ont émigré pour la cause d'Allah et ont ensuite été tués ou sont morts - Allah leur accordera sûrement une bonne provision" (22:58). Leur priorité dans la distribution nous enseigne à prendre soin des plus vulnérables.

Le Miracle de la Multiplication

La multiplication miraculeuse du lait suit le modèle des miracles du Prophète Jésus et démontre que la puissance divine opère par des moyens prophétiques. Comme le note l'Imam al-Qurtubi, de tels miracles authentifient la prophétie tout en enseignant que la barakah (bénédiction) vient par l'obéissance et la distribution plutôt que par l'accumulation.

La séquence de consommation - des plus nécessiteux au Prophète et enfin à Abu Huraira - illustre l'étiquette islamique : les leaders servent les autres en premier, et les plus méritants reçoivent la priorité dans la charité.

Leçons Spirituelles

Cet incident enseigne la patience dans la pauvreté, la confiance dans le timing divin, la vertu de servir les autres avant soi-même, et que les bénédictions se multiplient en partageant. L'instruction répétée du Prophète de boire jusqu'à satisfaction complète démontre la récompense abondante d'Allah pour ceux qui priorisent les besoins des autres.

Comme le commente l'Imam al-Nawawi, la consommation finale du Prophète avec bénédictions montre que les leaders peuvent accepter ce qui reste après que les besoins de la communauté sont satisfaits, combinant l'altruisme avec la gratitude pour les dons divins.