Le Messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Certes, vous m’amenez vos contestateurs, et peut-être que certains d’entre vous sont plus éloquents dans leur plaidoyer que d’autres, afin que je rende un jugement en leur faveur selon ce que j’entends d’eux. C’est pourquoi, quoi que je règle pour quiconque appartient de droit à son frère, je ne lui accorde qu’une portion du feu de l’enfer. [D’accord].
Bulugh al-Maram 1404 : L'Interdiction des Jugements Injustes
Ce hadith profond de la collection "Bulugh al-Maram" d'Ibn Hajar al-Asqalani sert d'avertissement critique aux juges et arbitres en jurisprudence islamique. Le Prophète Muhammad (ﷺ) établit le principe que les décisions judiciaires doivent être basées sur la vérité et les preuves, et non simplement sur une présentation éloquente.
Commentaire Savant sur la Responsabilité Judiciaire
Le Messager d'Allah (ﷺ) reconnaît la réalité des litiges où les parties présentent leurs affaires avec des degrés variables d'éloquence. Cependant, il clarifie que le devoir d'un juge est de discerner la vérité par les preuves, et non d'être influencé par la seule habileté rhétorique.
L'avertissement sévère "Je ne lui accorde qu'une part du Feu de l'Enfer" souligne la grave responsabilité portée par les juges. Cela s'applique même lorsqu'ils jugent par ignorance, mettant en lumière la nécessité d'une enquête approfondie et du recours à des preuves légitimes dans toutes les affaires judiciaires.
Principes Juridiques Dérivés
Ce hadith établit qu'un juge doit juger sur la base de preuves apparentes (zahir al-bayyinah) tout en étant conscient que la vérité réelle (haqiqah) peut différer. La décision reste légalement valide mais porte une responsabilité spirituelle si elle contredit la réalité.
Les savants expliquent que si un juge s'efforce de déterminer la vérité par des procédures juridiques islamiques appropriées et se trompe quand même, il reçoit une récompense. Cependant, s'il juge sur la base de la seule éloquence sans enquête appropriée, il porte le péché d'un jugement injuste.
Implications Pratiques pour le Pouvoir Judiciaire Islamique
Cet enseignement nécessite que les juges islamiques développent une expertise dans l'évaluation des preuves, la détection de la tromperie et le maintien de la neutralité. Ils ne doivent pas favoriser l'éloquent au détriment du non-éloquent lorsque la vérité se trouve avec ce dernier.
Le hadith sert également d'avertissement aux plaideurs contre l'utilisation d'une fausse éloquence pour usurper les droits d'autrui, car à la fois le demandeur injuste et le juge négligent font face à une responsabilité divine dans l'Au-delà pour de telles transgressions.