'Aïcha raconta que lorsqu’Abou Bakr devint calife, il dit : « Mon peuple sait que mon métier n’était pas incapable de subvenir aux besoins de ma famille, mais je me suis occupé des affaires des musulmans, donc la famille d’Abou Bakr sera soutenue par cette propriété pendant qu’il y travaille pour le compte des musulmans. » Bukhari l’a transmise.
Les Bureaux du Commandant et du Qadi - Mishkat al-Masabih 3747
Cette narration de Sayyidah 'A'isha concernant le calife vertueux Abu Bakr al-Siddiq établit un principe fondamental de la gouvernance islamique. En assumant la direction de la communauté musulmane, Abu Bakr a reconnu que ses nouvelles responsabilités l'empêcheraient de poursuivre son ancien métier, qui avait suffisamment subvenu aux besoins de son foyer.
Commentaire Savant
Les savants classiques expliquent que ce hadith démontre la permission pour un dirigeant de recevoir une compensation du trésor public (bait al-mal) lorsque ses devoirs gouvernementaux l'empêchent de gagner sa vie par des moyens privés. Cela n'est pas considéré comme un salaire mais plutôt comme une subsistance légitime pour celui qui se consacre au service de la communauté musulmane.
L'Imam al-Nawawi commente que la déclaration d'Abu Bakr montre sa scrupulosité (wara') et son intégrité. Il a explicitement déclaré son intention d'éviter toute apparence de détournement de fonds publics, établissant un précédent pour une gouvernance transparente.
Ibn Hajar al-Asqalani dans Fath al-Bari souligne que cette narration établit le principe que ceux qui travaillent à plein temps pour le bien-être public peuvent légitimement recevoir un entretien des fonds publics, à condition que cela soit fait avec une responsabilité claire et une intention appropriée.
Règlements Juridiques Dérivés
L'école Hanafi soutient que le dirigeant peut prendre ce qui suffit pour lui-même et ses dépendants du trésor public, suivant l'exemple d'Abu Bakr.
Les juristes Maliki affirment que cette compensation doit être modérée et proportionnée aux besoins du dirigeant et à l'état du trésor.
Les savants Shafi'i soulignent que cette règle s'applique à tous ceux qui travaillent dans le service public lorsque leurs devoirs empêchent un emploi privé.
L'école Hanbali maintient que prendre du trésor n'est permis que lorsque c'est nécessaire et avec une autorisation appropriée de la communauté musulmane.