'Alqama b. Wa’il raconta, sur l’autorité de son père, qu’un homme de l’Hadramaout et un homme de Kinda vinrent voir le Prophète, le Hadrami disant : « Messager de Dieu, cet homme s’est emparé d’une terre qui m’appartient », et le Kindi disant : « C’est ma terre et je la possède ; il n’y a pas droit. Le Prophète demanda au Hadrami s’il avait des preuves, mais il répondit qu’il n’en avait aucune, alors il lui dit qu’il pouvait faire prêter serment à l’autre. Il répondit : « Messager de Dieu, cet homme est un réprouvé qui jurerait à n’importe quoi et ne s’en tiendrait à rien », mais il lui dit que c’était son seul recours. L’homme s’en alla pour prêter serment, et quand il tourna le dos, le Messager de Dieu dit : « S’il jure au sujet de ses biens de les prendre injustement, il verra certainement Dieu se détourner de lui quand il le rencontrera. » Muslim l’a transmise.
Les Bureaux du Commandant et du Qadi - Mishkat al-Masabih 3764
Cette narration de Mishkat al-Masabih présente un cas juridique profond jugé par le Prophète Muhammad (que la paix soit sur lui) concernant un différend foncier entre deux individus des tribus Hadramaut et Kinda.
Principes Juridiques de la Preuve et du Serment
La décision du Prophète établit le principe juridique islamique fondamental que la charge de la preuve incombe au demandeur (al-bayyina 'ala al-mudda'i). Lorsque le demandeur Hadrami manquait de preuves, le Prophète a ordonné au défendeur de prêter serment, mettant en œuvre la règle établie "al-yamin 'ala al-mudda'a 'alayh" (le serment est sur celui contre qui la demande est faite).
L'objection du Hadrami concernant le caractère du défendeur en tant que "réprouvé" démontre qu'une simple suspicion de malhonnêteté n'invalide pas le processus juridique. Le Prophète a maintenu la procédure établie, montrant que la loi islamique privilégie les normes juridiques objectives par rapport aux évaluations subjectives du caractère dans les affaires judiciaires.
Conséquences Spirituelles du Faux Serment
La déclaration finale du Prophète révèle les graves ramifications spirituelles de prêter de faux serments dans les différends mondains. Son avertissement selon lequel "il trouvera certainement Dieu se détournant de lui quand il Le rencontrera" sert de puissant moyen de dissuasion contre le parjure, soulignant que si les tribunaux humains peuvent être trompés, la Cour Divine enregistre toutes les intentions et actions.
Cet enseignement souligne l'intégration de la procédure juridique avec la responsabilité spirituelle dans la jurisprudence islamique, où chaque acte judiciaire entraîne des conséquences à la fois mondaines et dans l'au-delà.
Commentaire Savant sur la Sagesse Judiciaire
Les érudits classiques notent que ce cas illustre la sagesse du Prophète dans le maintien de l'intégrité judiciaire tout en reconnaissant les limitations humaines. Le système juridique doit fonctionner même lorsque les juges ne peuvent pas déterminer les réalités cachées, plaçant la responsabilité ultime devant Allah.
La narration enseigne également que la loi islamique offre une justice procédurale complète, garantissant que chaque partie voit ses droits protégés par des mécanismes probatoires établis, tout en cultivant simultanément la conscience de la surveillance divine dans toutes les affaires.