Al-Harith b. Suwaid a dit que 'Abdallah b. Mas’ud lui raconta deux traditions, l’une venant du messager de Dieu et l’autre de lui-même. Il a dit : « Le croyant voit dans ses péchés comme s’il était assis sous une montagne dont il craint qu’elle ne lui tombe dessus, mais le débauché voit ses péchés comme une mouche qui est passée sur son nez et qu’il a balayée de sa main. » Puis il dit qu’il avait entendu le messager de Dieu dire : « Dieu se réjouit plus de la repentance d’un croyant qu’un homme qui descend dans un pays désert et dangereux avec sa bête qui porte sa nourriture et sa boisson, qui couche sa tête et dort pendant un certain temps, puis se réveille et découvre que sa bête est partie, il le cherche, et lorsqu’il est angoissé par la chaleur et la soif ou par ce que Dieu veut, il dit qu’il retournera à l’endroit où il était et dormira jusqu’à ce qu’il meure, pose sa tête sur son bras pour mourir, puis se réveille et voit sa bête de cheval à côté de lui avec sa nourriture et sa boisson dessus. Dieu se réjouit plus intensément de la repentance d’un serviteur croyant que cet homme ne le fait de sa bête de cheval et de ses provisions. Les musulmans n’ont transmis que la tradition qui remonte de lui au messager de Dieu, mais Bukhari a également transmis celle qui ne remonte pas plus loin qu’Ibn Mas’ud.
La vision du croyant sur le péché
La première tradition d'Abdullah ibn Mas'ud (qu'Allah soit satisfait de lui) illustre magnifiquement l'état spirituel du croyant par rapport au débauché. Le croyant perçoit ses péchés comme une montagne massive qui plane sur lui, craignant son effondrement imminent. Cela démontre la conscience profonde du croyant de la majesté d'Allah et de la gravité de la désobéissance, ce qui génère une peur et une humilité authentiques dans le cœur.
En revanche, le débauché traite les péchés comme insignifiants qu'une mouche effleurant son nez—facilement rejetés sans inquiétude. Cette comparaison révèle la différence fondamentale dans la perception spirituelle : le cœur du croyant reste sensible au mal, tandis que le cœur du pécheur devient endurci et indifférent aux limites divines.
La joie divine face au repentir
La deuxième tradition du Prophète Muhammad (que la paix soit sur lui) utilise une analogie puissante pour transmettre l'immense plaisir d'Allah face au repentir d'un croyant. Le voyageur du désert représente chaque âme humaine naviguant dans le désert de ce monde. Quand il perd sa monture (symbolisant la guidance et la provision), il éprouve un désespoir total—parallèle à la désolation spirituelle de celui séparé d'Allah par le péché.
La décision du voyageur de retourner à sa position initiale signifie la détermination de l'âme repentante à revenir à son état primordial de pureté. Son réveil pour trouver ses provisions restaurées reflète la grâce divine qui enveloppe le croyant repentant. La joie d'Allah dépasse même ce soulagement humain profond, démontrant la miséricorde et la compassion infinies de notre Créateur envers ceux qui reviennent à Lui.
Observations savantes
La chaîne de transmission montre une considération savante minutieuse. L'imam Muslim n'a enregistré que la tradition marfu' (attribuée directement au Prophète), tandis que l'imam Bukhari a inclus à la fois les traditions marfu' et mawquf (attribuées à Ibn Mas'ud). Cela reflète la méthodologie rigoureuse des savants du hadith dans la préservation et la classification des traditions prophétiques selon leurs chaînes de transmission.
Ces traditions mettent collectivement l'accent sur deux réalités spirituelles essentielles : maintenir une conscience constante de la gravité du péché et avoir un espoir inébranlable en la miséricorde divine. Le croyant équilibré vit entre la peur du châtiment d'Allah et l'espoir en Son pardon—ceci étant la voie médiane de la spiritualité islamique.