Lorsque nous étions avec le Prophète dans l’une de ses expéditions, il est tombé sur des gens et leur a demandé qui ils étaient, ce à quoi ils ont répondu qu’ils étaient musulmans. Une femme qui avait un de ses fils avec elle allumait un feu sous sa marmite, et quand la chaleur augmenta, elle l’éloigna. Elle est ensuite allée voir le Prophète et lui a demandé : « Êtes-vous le messager de Dieu ? » Comme il lui répondait qu’il l’était, elle lui dit : « Toi pour qui je donnerais en rançon mon père et ma mère, dis-moi si Dieu n’est pas le plus miséricordieux de ceux qui sont miséricordieux. » Il lui répondit qu’il l’est certainement, et elle demanda : « Dieu n’est-il pas plus miséricordieux envers ses serviteurs qu’une mère envers son enfant ? » et quand il l’assura qu’il l’est certainement, elle répondit qu’une mère ne jette pas son enfant au feu. Le messager de Dieu inclina alors la tête et pleura, puis la releva, la regarda et dit : « Dieu ne punit que ceux de Ses serviteurs qui agissent avec audace envers Lui et refusent de dire qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu. » Ibn Majah l’a transmise.
Commentaire sur le Hadith de Mishkat al-Masabih
Cette narration profonde de Mishkat al-Masabih (Hadith 2378) présente un dialogue remarquable entre une femme croyante et le Prophète Muhammad (que la paix soit sur lui) qui éclaire des aspects fondamentaux de la miséricorde et de la justice divines.
L'interrogation perspicace de la femme
L'approche de la femme démontre une compréhension théologique profonde. Son action initiale d'éloigner son enfant du feu établit l'instinct maternel naturel de protéger sa progéniture du mal.
Ses questions progressent logiquement : d'abord confirmer l'identité du Prophète, puis établir la miséricorde suprême de Dieu, et enfin établir l'analogie entre la compassion divine et maternelle.
La réponse émotionnelle du Prophète
L'inclinaison de la tête et les pleurs du Messager indiquent l'impact émotionnel et spirituel profond de son interrogation. Cela démontre comment même le Prophète a été ému par une contemplation théologique sincère.
Sa clarification ultérieure révèle l'équilibre entre la miséricorde et la justice divines - la punition de Dieu est réservée à ceux qui rejettent obstinément Son unité et transgressent Ses limites.
Interprétation savante
Les savants classiques expliquent que si la miséricorde de Dieu englobe toute la création, Sa justice exige la responsabilité. L'analogie mère-enfant illustre que la punition divine, lorsqu'elle survient, résulte du choix humain de se rebeller contre la guidance divine.
Le hadith souligne que le salut par la déclaration de foi (shahadah) reste disponible jusqu'à la mort, mais l'arrogance persistante et le rejet peuvent conduire au châtiment divin.
Leçons pratiques
Cette narration encourage les croyants à contempler les attributs de Dieu avec le cœur et l'esprit, et à aborder les questions théologiques avec sincérité et révérence.
Elle nous rappelle que si la miséricorde de Dieu est vaste, elle n'annule pas la responsabilité humaine et les conséquences de la transgression délibérée contre les commandements divins.