Cinq jours avant sa mort, le Messager d’Allah (ﷺ) m’a dit : « Je suis acquitté devant Allah d’avoir pris l’un d’entre vous comme ami, car Allah m’a pris pour Son ami, comme il a pris Ibrahim pour Son ami. Si j’avais pris l’un des membres de ma Ummah comme ami, j’aurais pris Abou Bakr comme ami. Méfiez-vous de ceux qui vous ont précédés et qui avaient l’habitude de prendre les tombes de leurs prophètes et de leurs justes comme lieux de culte, mais vous ne devez pas prendre des tombes comme des mosquées ; Je vous interdis de faire cela.
Texte et Contexte du Hadith
Cette narration profonde de Sahih Muslim 532 a été délivrée par le Prophète Muhammad (ﷺ) seulement cinq jours avant son décès, ce qui en fait l'un de ses derniers conseils à l'Oumma. Elle souligne son amitié spirituelle exclusive (Khullah) avec Allah, reflétant le statut estimé du Prophète Ibrahim (عليه السلام).
Amitié Divine Exclusive (Khullah)
La déclaration du Prophète d'être l'« ami d'Allah » (Khalil Allah) est un rang de proximité et d'amour immense, distinct de la croyance générale (Iman). Il clarifie que sa loyauté ultime et son amitié intime sont réservées à Allah seul, excluant toute allégeance mondaine ou humaine exclusive qui pourrait compromettre ce lien divin.
Sa déclaration ultérieure concernant Abu Bakr As-Siddiq (رضي الله عنه) n'est pas une contradiction mais la plus haute forme d'éloge humain. Elle signifie la vertu, la foi et la compagnie inégalées d'Abu Bakr, le reconnaissant comme le plus méritant d'amour fraternel et de confiance parmi tous les peuples, si une telle amitié purement humaine avait été son mandat.
Interdiction de l'Adoration des Tombes et de la Construction de Mosquées
Ceci est un avertissement critique et emphatique contre les pratiques des nations précédentes, spécifiquement les Gens du Livre. Ils sont tombés dans la déviation en vénérant les tombes de leurs prophètes et de leurs justes au point de construire des lieux de culte sur eux, ce qui a inévitablement conduit au shirk (association de partenaires à Allah).
La phrase « vous ne devez pas prendre les tombes comme mosquées » a deux interprétations principales selon les savants classiques : Premièrement, elle interdit d'accomplir la prière rituelle (Salah) directement face à une tombe. Deuxièmement, et plus sévèrement, elle interdit de construire des mosquées sur des tombes, empêchant ainsi tout acte qui pourrait faciliter la glorification des habitants de ces tombes aux côtés d'Allah.
Commentaire Savant et Règle Légale
L'Imam An-Nawawi, dans son commentaire sur Sahih Muslim, souligne que ce hadith établit un principe fondamental de la croyance islamique (Aqidah). Il interdit strictement toute action qui pourrait devenir un moyen de shirk, particulièrement la vénération excessive des justes, même si initialement destinée à honorer.
La règle dérivée est qu'il est catégoriquement interdit (Haram) de construire une mosquée sur une tombe ou d'enterrer une personne décédée à l'intérieur d'une mosquée. Visiter les tombes est permis dans le but de réflexion et de se rappeler de l'Au-delà, mais toute forme de supplication au défunt, de recherche de son intercession indépendamment d'Allah, ou d'actes d'adoration sur le lieu de la tombe sont des innovations graves (Bid'ah) et des déviations du Tawhid pur.