« Je vois ce que vous ne voyez pas, et j’entends ce que vous n’entendez pas. Les Cieux gémissent, et ils ont le droit de gémir. Il n’y a pas de tache de la taille de quatre doigts, si ce n’est qu’il y a un ange qui y pose son front et se prosterne devant Allah. Par Allah ! Si vous saviez ce que je sais, alors vous riez peu et vous pleureriez beaucoup. Et tu ne goûteras pas les plaisirs de tes femmes dans les lits, et tu sortiras en invoquant Allah. Et je voudrais n’être qu’un arbre abattu. [Abou 'Eisa a dit :] Il y a des récits sur ce sujet de 'Aishah, Abu Hurairah, Ibn 'Abbas et Anas. [Il a dit :] Ce hadith est Hasan Gharib. Il a été rapporté par d’autres voies qu’Abou Dharr a dit : « Je voudrais être un arbre abattu. » Et cela a été rapporté d’Abu Dharr sous la forme de Mawquf.
Commentaire du Hadith : La Vision Spirituelle du Prophète
Cette narration profonde de Jami' at-Tirmidhi, spécifiquement la référence du hadith 2312 des "Chapitres sur le Zuhd", révèle la perception spirituelle unique du Prophète Muhammad ﷺ qui transcende l'expérience humaine ordinaire. La déclaration "Je vois ce que vous ne voyez pas, et j'entends ce que vous n'entendez pas" indique la conscience directe du Prophète du domaine invisible (al-ghayb), un privilège accordé exclusivement aux prophètes.
Les Cieux Gémissants et la Prosternation Angélique
Le gémissement des cieux reflète leur engagement constant dans le souvenir divin et leur aspiration au plaisir d'Allah. Les savants classiques expliquent cela comme l'état naturel de soumission des cieux à leur Créateur.
L'imagerie des anges couvrant chaque espace de quatre doigts en prosternation démontre la perfection absolue de la création d'Allah et l'adoration ininterrompue qui se produit dans tout le cosmos. Cela souligne que la création existe principalement pour le service divin.
Conséquences Spirituelles de la Vraie Connaissance
La déclaration du Prophète que la vraie connaissance ferait que les gens "riraient peu et pleureraient beaucoup" met en lumière l'attitude spirituelle appropriée envers la vie mondaine. Les savants interprètent cela comme la reconnaissance de la gravité de l'au-delà et de la nature éphémère des plaisirs mondains.
La mention d'abandonner les plaisirs conjugaux et de sortir pour implorer Allah indique qu'une conscience spirituelle complète conduirait naturellement à prioriser l'adoration par rapport aux conforts mondains, reflétant l'essence du zuhd (ascétisme).
Le Souhait d'Être un Arbre Abattu
Le souhait d'Abu Dharr de devenir un "arbre abattu" représente le désir ultime d'être libre de la responsabilité spirituelle et des fardeaux du choix. Les commentateurs classiques expliquent cela comme exprimant l'intensité de l'anxiété spirituelle concernant le fait de se tenir devant Allah, préférant l'existence passive de la création inanimée.
La classification de ce hadith par l'Imam Tirmidhi comme "Hasan Gharib" indique qu'il a une chaîne saine avec des irrégularités mineures, tout en étant rare dans sa formulation spécifique. Les multiples narrations de divers compagnons renforcent son authenticité globale et son importance dans la compréhension de la spiritualité islamique.